2020
l'année à goulotte ! Zut c'est l'année où il faut que je m'entraîne à
ski...bon après 6 semaines dans les Alpes, de retour dans les Pyrénées
je n'ai qu'une envie, enfin aller rendre visite à la Grande Aiguille
d'Ansabere en hiver.
En
ayant vu les photos du couloir en condition de Flo, ça nous donnait
bien envie à Valentin et moi d'aller y faire un tour. Mais est-ce que le
couloir sera encore en condi, car toute la semaine l'iso était à 3800m
!! Et la veille nous avons encadré au CAF une sortie au couloir Est du
Dec de Lhurs, mais aucune vue sur le couloir en lui même depuis le
sommet...bon on tente demain Val ?! On verra bien au pied si c'est en
condi...
Et
nous voilà parti à négocier l'horaire du réveil, après 3jours en
montagne on opte pour dormir en programmant un départ qu'à 6h...alors
aussi incroyable que c'est vrai, nous avons mis 1h30 à discuter au p'ti
dej et on part quand l'église sonne 7h ! Ça commence bien.
À
9h30 on est au pied, 2h15 d'approche tranquille, ça portait bien malgré
la chaleur (on est en T-shirt !). Zut on voit toujours pas le couloir,
l'itinéraire est tellement tortueux qu'on hésite même un instant avec la
ligne de droite (théorème de la peur dont la première longueur n'est
pas formée). On remonte la dernière pente en crampon (j'imagine pas
l'approche l'été comme ça doit être galère dans le pierrier !!). Au
pied, on voit même pas toute la longueur et ensuite ça bifurque. Bon
chifoumi pour savoir qui commence : c'est moi qui m'y colle !
Comme
dis Valentin, on rentre vraiment dans les visères d'Ansabere ! Bon ben
premier contact dans le couloir, la neige porte bien, je trouve 3
pitons, courte longueur (30m) je retape les pitons au relais en ayant le
plaisir de trouver une cordelette neuve...bon ben au pire si ça passe
pas la suite, ça redescend à R1 sans rajouter de matos. Valentin
continue...et vite il voit une cordelette neuve autour d'un gros becquet
et un mur devant lui !? Je te fais monter ? Ben si tu penses qu'on est
bloqué ensuite, tu veux pas redescendre et regarder si ça tourne pas à
gauche au bloc ?! Ok...il redescend, il pense que ça peut passer, il
s'engage...je le vois plus. Je l'entends renfougner, mais il me dis
qu'il s'est bien protégé donc je l'encourage...il finit par sortir et me
fait venir. Brrr je commençais à avoir froid, je me réchauffe vite.
Quel plaisir en second ces pas de mixte, une fois on coince la lame, une
autre fois en opposition en dièdre avec le gant (et la pioche posée en
équilibre, faut juste pas monter trop haut sous peine de devoir
redescendre pour pourvoir la récupérer)...et glaaaaace me crie Valentin,
je me colle contre la neige et j'entends des ricochets, parfait ça me
passe par dessus, ouf, je râle putain tu pourrais faire gaffe au relais
de ne pas me faire tomber des trucs, je suis dans l'axe...il me répond
pas...putain Val ça va ?!...il grogne un mouai...dsl ça vient d'en
haut...
Bon
je finis la longueur un peu en stress, pas tant que ça en renfougne,
j'ai posé mes 2 pioches et je monte en dulfer pour me rétablir dans la
neige. Tu aurais fait ça en tête ? Non pas sûr hahah...et là je vois ça
sa tête en sang...je m'approche, je me vache. J'inspecte son nez...
c'est impressionnant mais le sang coagule avec le froid et ça ne saigne
plus. On discute de comment ça va, si on continue ou pas...
Bon
on continue mais on fait encore plus gaffe à l'emplacement des relais
et à la gestion de la corde (en montant on enlève toutes les pierres qui
bougent ou qui sont posés sur la neige dans les parties + facile). L3
on a de nouveau l'impression de s'enfoncer un peu plus loin dans les
viscères d'Ansabere, je passe sous un gros bloc coincé et je débouche
dans une petite grotte avec la vue sur la suite. Combien de corde il
reste ? 30m...bon ben j'attaque un mur en mixte, je m'efforce d'avancer
assez vite tout en me protégeant si jamais je tombe à cause d'une pierre
ou bloc de glace qui me tomberait dessus. Je me désaxe et pense faire
mon relais sur broche...mouai bof la qualité de la glace. Combien de
corde ? 10m...ah j'aurais pas assez. Bon ben je me désaxe encore et je
construis mon relais sur pitons. Je fais monter Val... lorsqu'il est
bientôt arrivé...je hurle glace...on se sert tout les 2 contre la
paroi...on se prend que des spin drifts...je suis content de
l'emplacement de mon relais.
Bon
ben le jeu du réversible fait que je m'y colle...je commence dans la
fissure à droite mais je suis pas serein pour protéger, je redescend.
Après avoir pris du recul, Val me propose d'essayer plus à gauche dans
d'autres fissures, juste au dessus du piton. J'arrive à passer plus
sereinement, qui plus est j'arrive à poser un bon friend et je fais des
bons coincement de lame qui me permette de traverser à droite pour me
rétablir avec une pose du genou en adhérence et un coincement de poing
dans une fissure. Bref je reprotege. Je souffle. Je sors. Je construis
un relais sur 2 friends béton. Relais vaché. "Dis tu n'as pas oublié qqc
?!" Me crie Valentin. Euh non ...oups mon sac !! Et ben ça m'a bien
arrangé, Val a bien été gêné par le sien. J'ai juste dû hisser le mien
(doucement en suivant la progression de Val pour rien lui faire tomber
dessus et qu'il m'aide à le décoincer)
On
pense être sortie. Val me demande de le reprendre au reverso...petit
placage pour contourner à gauche un gros bloc. Relais sur corps mort et 1
friend.
On sort 1h avant la nuit. On grignote ce qu'il nous reste et on descend à la ramasse tant qu'il reste un peu de neige !
topo: Mousel (épuisé, en photo sur blog aiguilledansabere.free)
matos : friends 0.2 - 2, cablé, 5 pitons (2 utilisés pour construire un relais désaxé)
horaire : environ 10h en tout, départ Lescun 7h (un peu tard), parking Lamary (7h25), au pied 10h15, sommet 17h50, retour Lamary 19h45