vendredi 3 avril 2020

Vivre et travailler autrement après la prise de conscience de l'effondrement

En ce temps de confinement propice à la réflexion (contrairement à ceux qui travaillent dans les secteurs essentiels, MERCI), mon "billet" pour refaire le monde...où l'argent ne sera pas le nerf de la guerre...d'ailleurs nous ne sommes pas en guerre, il y a un mot pour ça : (rébus).

Cet article finit sur

Contexte

Tout d'abord, je vous invite à consulter l'article précédemment compilé durant mon Théo'Tour sur la sobriété - méditation -quete du bonheur -  l'éduction et travailler autrement

Vous rappelez-vous de mon engagement initial (1 défi par mois) lors de mon Théo'Tour 2018 (de l'alpinisme en mobilité douce) !? Un engagement que je renouvelle à l'écrit avec vous en ce mois de mars, du fait de la crise sanitaire exceptionnelle (imprévue !? bienvenue !?) qui libère du temps (merci les soignants ! F***le gouvernement). Et j'ai la chance d'être en bonne santé, en reconversion professionnel (alternant job saisonnier, chomage et formation, donc pour l'instant pas de soucis financier), dans un endroit idyllique (où j'ai choisi de m'installer quand je ne suis pas en vadrouille en montagne), en coloc à 5 donc un peu d'interaction sociale qui fait du bien. Ce qui me laisse du temps de réflexion.

 Pourquoi 1 défi sur 30 jours, je me rappelle les conseils du youtubeur Autodidacte : comment former (et garder) une habitude ? Par facilité et par cohérence aussi, j'ai choisi de consolider mon blog avec mon nom de domaine cap-sens.com que j'avais initialement pour mon Théo'Tour2018. Désormais je souhaite faire évoluer mes valeurs et ma ligne éditoriale, je ne poste pas que des sorties en mobilité douce, mais l'idée à chaque post (ou d'alterner), 1 sortie - 1 défi. Ces défis - ou micro-engagements - ça peut être dans un champs d'action vaste, disons tout ce qui nous change de nos habitudes dans cette société de consommation !

La 2ème semaine de confinement, j'alternais entre la colère et peur...désormais je prends un peu de recul. Toi aussi l'effondrement, ça te fait peur ?! (tu connais le livre comment tout peut s'effondrer ? je l'ai lu à Buoux en avril 2019...mais c'est ptre pas le moment de broyer du noir !) Tout comme moi, la crise sanitaire actuelle te fait peur ? En colère contre les décisions tardives et contradictoires du gouvernent...Pierre Chevelle de 2h pour changer le monde propose 5 trucs pour lutter son l'éco-anxiété, basé sur son expérience de vie en 2019. Il fait le parallèle avec la crise actuelle dans cette vidéo (ci-dessous), j'espère que ça vous aidera autant qu'à moi : garde ton énergie sur les choses sur lesquelles tu peux agir !




Vivre autrement : la coloc

La coloc, ce n'est pas que pour l'argent. Je dirais principalement pour rencontrer de nouvelles personnes, ne pas vivre seul et pour des raisons écolos : mutualiser des équipements, des pièces (salon, chambre d'ami...), jardin partagé...pourquoi se focaliser sur l'efficacité énergétique des logements (x kWh/m²), si finalement le français moyen possède y m² en plus/pers chaque année. Ahhh l'effet rebond ! Et c'est malheureusement valable pour tout (consommation voiture, lave-vaiselle...)

Qui plus est, on apprend à vivre ensemble (voir ci-dessous la vidéo de Partager c'est sympa), on croise des gens qu'on aurait pas croisés autrement, un peu comme en covoiturage !


Ce qui donne lieu à de belles expériences de vie. P. Ex À Paris, ils vivent dans une maison gratuite pendant quatre ans (article positivr 30 mars 2020). Documentaire de 12min disponible ci-dessous sur Youtube : "Est-ce qu'on va passer toute notre temps sur terre à vouloir toujours plus, et tout ce que l'on a pas OU est-ce que l'on va passer notre temps sur terre à faire des choses qui nous rendent heureux"

Travailler autrement : au service de l'humain, de la nature !

Avoir un travail qui ait du sens...un argument de choc, qui plus est en ces temps de crise ! Une prise de conscience générale grandit sur le fait que les emplois les plus utiles (santé, alimentaire, éducation...) ne sont pas forcément les mieux rémunérés.

D'ailleurs, Satish Kumar indique à Marc à 1h22 du documentaire en quête de sens : "Quand je vais dans les universités parler aux étudiants, ils me demandent que conseillez vous ? - Je leur réponds : quand vous quittez l'université, ne cherchez pas un emploi qui ait du sens, mais créez plutôt un emploi et un mode de vie à vous" (documentaire disponible sur ImagoTV, film offert par Kamea Meah)



La finalité même de travailler n'est pas de recevoir un salaire. Beaucoup de gens sont confrontés à des fins de mois difficiles, certains n'ont même pas de toit pour se confiner, des précaires (saisonniers, intermitants du spectacle, étudiants...) sont encore plus précaires...pour tous ces gens, la crise actuelle apporte un soucis financier supplémentaire. L'état a beau promettre du chômage partiel pour les salariés, des reports de charges pour les entreprises, un soutien aux indépendants...j'ai bien peur qu'une majorité va expérimenter le fait de devoir se serrer la ceinture, faire des choix pour moins consommer et donc moins dépenser maintenant et dans un futur proche...et j'espère bien qu'une bonne partie d'entre eux n'en sera pas malheureux ! Qui plus est si on est solidaire

Mais d'ailleurs, qu'est-ce que l'argent ? Un système permettant d'échanger des services. "En 2015, seule 5% des transactions financières mondiales correspondent à des biens et services réels" (datagueule mars 2015 vidéo ci-dessous). D'où le principe et intérêt d'une monnaie locale complémentaire pour favoriser l'économie locale. On entend aussi un peu parler dans les news du revenu Universel   (courrier international)




D'où aussi l'intérêt grandissant pour des technologies Low Tech, plus facile à construire, plus facile d'entretien et pas d’obsolescence programmée

En ces temps de crise, de nouvelles habitudes se créent et de beaux mouvements de solidarité émergent (des vols de masques aussi !) : course et cuisine pour les personnes âgées, on prend plus de nouvelles de ses proches (par téléphone, pas en leur rendant visite !), pour les personnes confinées à plusieurs on ré-apprend à vivre ensemble (voir les conseils de Partager c'est sympa ci dessus)...c'est peut-être ça l'avenir qu'on souhaite : la coopération ! Du temps, envie d'en apprendre un peu plus, allez voir les formations de l'université des Colibris : permaculture, gouvernance partagée, des outils libres pour des projets collaboratifs, manger sain et pas cher...


Autre point positif, c'est un fait indéniable par les scientifiques, mais la presse et les citoyens en prennent peut être plus facilement conscience : il y a moins de pollution quand on se déplace moins et qu'on consomme moins !



Aller, j'espère qu'on va aimer un peu plus la nature et la protéger



"S'engager répond à une quête identitaire"

  • (7min03) "S'engager répond à une quête identitaire" Pierre Chevel, vidéo 2h pour devenir citoyen
  • (10min) "Il y a tellement de citoyens qui s'ignorent (...) qui en ont marre de se sentir impuissants face à tous nos problèmes de société. Parfois, il suffit juste de montrer aux gens par où commencer"
  • (10min55)"Pourquoi vous regardez cette vidéo (ndlr : ou lisez cette article), mon but, c'est pas de vous inspirer, mon but c'est que vous passiez à l'action (...) l'essentiel c'est d'agir. Et le meilleur moment pour passer à l'action, c'est maintenant ! Et c'est simple, si on agit un peu, et plus souvent, qu'on le multiplie par des millions de personnes (...) ça change notre société" (citation Pierre Chevel, vidéo 2h pour devenir citoyen

  Échelle individuelle

 

Je ne vais pas énumérer ici toutes les initiatives, d'ailleurs est-ce possible d'être exhaustif ! Je ne vous en sélectionne que trois (pour d'autres regardez les défis que j'ai déjà réalisé sur ce blog, ou mon mur d'inspirations avec notamment des idées d'actions sur 9 thèmes je vais les centraliser sur une page prochainement) : l'initiative il est encore temps, 40 actions à faire depuis chez soi...et l'introspection !




 L’image contient peut-être : texte qui dit ’Si vous ne pouvez pas aller dehors... Allez dedans! AMANADALA’


Et sans culpabiliser ! Voir l'article on culpabilise les citoyen, par Attac Italie 23 mars 2020


Echelle politique

 





L’image contient peut-être : une personne ou plus et texte


Pour finir avec 2 articles :

« Après le confinement, il nous faudra entrer en résistance climatique »


Tribune dans Reporterre ou Le Monde ! (copiée-collée ci-dessous)

Engagez-vous à être un résistant climatique sur : https://www.resistanceclimatique.org




Tribune. Depuis deux ans, les mobilisations pour le climat se multiplient sans être écoutées. La crise du coronavirus vient démontrer à tous qu’une bascule rapide est possible et ne nécessite que deux choses fondamentales : de la volonté politique et du volontarisme citoyen. Afin d’y forcer nos dirigeants sans attendre, après le confinement, nous devons adopter une stratégie plus ambitieuse. Il ne nous faudra pas revenir à la normale mais entrer en résistance climatique. Nous partons de l’idée qu’il est possible de maintenir une vie digne et heureuse sur Terre. Nous nous battons contre ce qui détruit le vivant. Nous agissons pour ce qui le préserve. Pour cela, suivant les recommandations scientifiques sur le climat et la biodiversité, nous visons une victoire climatique à travers une profonde transformation de nos vies et de nos sociétés.

Notre objectif : une neutralité carbone effective en 2050 via une décroissance énergétique mondiale perceptible dès 2025. Attendu sans succès depuis des décennies, le miracle technologique ne nous sauvera pas. Nous devons quitter le business as usual synonyme de mort précoce pour des milliards d’êtres humains et d’espèces vivantes. Nous travaillons à bâtir un rapport de force politique pour sortir du productivisme et du consumérisme destructeurs qui structurent le système économique actuel. Notre ennemi est cette norme sociale actuelle et non les individus. Etant sortis du déni, agissons ici et maintenant. Arrêtons de nous attendre les uns les autres de peur de se marginaliser en étant les premiers. Devenons cette minorité motrice, catalyseur enthousiaste d’une transition désirable capable d’initier le changement nécessaire dans toute la société.

L’atterrissage de nos sociétés doit être mené dans une perspective de justice sociale mondiale. Ceci impose de réduire nos émissions en deçà de 2 tonnes de CO2 par être humain et par an (ce qui équivaut à la division par 6 de l’empreinte carbone moyenne d’un Français). Loin d’un sacrifice, cette transition est source d’émancipation. La stratégie de résistance climatique consiste en cinq phases qui se cumulent.

Phase 1 : quatre actions


Nous invitons celles et ceux prêts à adopter ce socle fondateur à nous rejoindre. Ces quatre actions − non exhaustives – sont indispensables à la bascule vers un mode de vie à moins de 2 tonnes de CO2 dans les cinq années à venir :
  • repenser sa manière de se déplacer et ne plus prendre l’avion, redécouvrir les transports doux et rouler moins de 2 000 kilomètres par an en voiture ;
  • développer la cuisine végétarienne et se nourrir d’aliments biologiques, locaux et de saison, avec de la viande au maximum deux fois par mois ;
  • réinterroger ses véritables besoins pour limiter les achats neufs au strict minimum ;
  • agir collectivement en portant des actes politiques traduisant ces choix à l’échelle de la société. 
Par cette mutation à la hauteur de l’enjeu, nous mettons au cœur de l’action la décroissance énergétique et matérielle. Cette contrainte créative nous amène à développer de nouvelles solidarités et trouver collectivement les adaptations qui constitueront les modes de vie post-pétrole. Nous ne renonçons certainement pas au bonheur, mais montrons que ces changements nécessaires sont désirables, émancipateurs et moteurs de joies souvent plus puissantes. Dans notre combat, cohérence personnelle et action collective se renforcent l’une l’autre.

Phase 2 : alliances et influence


Notre approche − alliant action individuelle d’ampleur et politisation du discours − a vocation à être diffusée en créant des liens avec les acteurs du mouvement climat. Cela passe notamment par la construction d’un nouvel imaginaire donnant à voir ce futur frugal et désirable.

Phase 3 : conflictualité et premières victoires


Cette bascule semble encore impossible pour beaucoup. La porter et l’incarner est source de tensions avec son entourage ou ses envies immédiates. Cette conflictualité assumée et génératrice de débats s’incarne dans des campagnes ciblées sur des thèmes structurants. Pour commencer : abolir l’aviation de masse (l’avion est le mode de transport le plus émissif et inégalitaire) pour envoyer le message que la crise climatique est réelle. Cette victoire permettra de pulvériser la norme sociale destructrice à laquelle l’avion appartient. Nous l’obtiendrons en créant des alliances avec de nombreuses autres organisations pour accroître le rapport de force. Ce combat est aussi impactant sur le plan de l’imaginaire que structurant sur le plan de l’économie. Ces trois premières phases sont déjà en cours, à l’initiative d’individus ou de collectifs. Elles doivent gagner en ampleur et se structurer afin de pouvoir ensuite porter les deux dernières.

Phase 4 : décroissance énergétique


Elle devra être nationale, coordonnée massive et rapide. Elle devra s’appuyer sur un effort de pédagogie de la vérité, une revitalisation des solidarités à toutes les échelles et la mise en place d’alternatives dont la plupart existent déjà. Le volet législatif pourra inclure quotas carbone, limitation de la puissance, du poids et du nombre de véhicules… Cela permettra une refonte de nos sociétés en accompagnant les plus fragiles.

Phase 5 : passage à l’échelle mondiale


Dans la décennie qui vient, ce mouvement de décroissance énergétique doit réussir à s’amplifier afin d’atteindre la division par deux d’ici à 2030 des émissions mondiales de gaz à effet de serre puis la neutralité carbone mondiale d’ici à 2050. Pour le mener dans le temps imparti, l’ensemble des outils de la diplomatie politique et économique devra être mis à contribution pour convaincre les gouvernements réfractaires, et l’existence de nouvelles sociétés sobres aidera grandement. Ce monde peut paraître utopique, mais c’est surtout l’avenir du monde tel qu’il va qui est profondément dystopique. Si d’ici dix ans, nous n’arrivons pas à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, nous aurons perdu. Compte tenu des effets d’emballement, dépasser les +2 °C c’est jouer à la roulette russe avec le vivant. Cette bataille conditionne toutes les autres, il faut impérativement la gagner ! Par la cohérence personnelle dans l’action collective, nous pouvons y arriver. Voulez-vous gagner ?

Les signataires ci-dessous soutiennent cette stratégie et affirment le caractère incontournable d’une diminution rapide de notre empreinte carbone, sans nécessairement souscrire immédiatement aux quatre actions de la phase 1. De manière complémentaire, 1 700 résistants climatiques également cosignataires portent l’engagement de modifier leur vie en quelques années, à travers ces quatre actions, en visant le seuil de viabilité de 2 tonnes de CO2 émises par personne et par an.

Yann Arthus-Bertrand, photographe ; Aurélien Barrau, astrophysicien ; Dominique Bourg, philosophe, professeur honoraire à l’université de Lausanne ; Maxime de Rostolan, fondateur de Ferme d’avenir ;  Gaël Giraud, économiste, directeur de recherche au CNRS ; Delphine Grinberg, cofondatrice de Paris sans voiture, Bruno Latour, sociologue, anthropologue, philosophe ; Charlotte Marchandise, entrepreneuse ; Marie-Antoinette Mélières, physicienne, climatologue ; Stéphanie Monjon, enseignante-chercheuse en économie ; Magali Payen, fondatrice d’On est prêt ; Pierre Rabhi, paysan, agroécologiste et écrivain ; Cécile Renouard, philosophe, fondatrice Campus de la transition ; Marie Sabot, cofondatrice de We Love Green ; Pablo Servigne, chercheur ; Agnès Sinaï fondatrice de l’Institut Momentum ; Marie Toussaint, fondatrice de Notre affaire à tous ; Gildas Véret, permaculteur, cofondateur de Résistance climatique ; Françoise Vernet, présidente de Terre & Humanisme ; Vincent Verzat, youtubeur militant

Les signataire soutiennent cette stratégie mais tous n’ont pas encore pleinement mis en œuvre les 4 actions de la phase 1.

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"Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie..." 

« Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps ». À vous qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. Les armes, puisque vous tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et  ce qu’on pouvait lire sur la  banderole  d’une manif  en novembre dernier -L’état compte ses sous, on comptera les morts - résonne tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez préféré écouter ceux qui prônent le désengagement de l’Etat, préconisant l’optimisation des ressources, la régulation des flux,  tout ce jargon technocratique dépourvu de  chair qui noie le poisson de la réalité. Mais regardez, ce sont les services publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le fonctionnement du pays :  les hôpitaux, l’Education nationale et ses milliers de professeurs, d’instituteurs si mal payés, EDF, la Poste, le métro et la SNCF. Et ceux dont, naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient rien, sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles, de taper les produits aux caisses, de  livrer des pizzas, de garantir  cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle,  la vie matérielle. 

Choix étrange que le mot « résilience », signifiant reconstruction après un traumatisme. Nous n’en sommes pas  là. Prenez garde, Monsieur le Président, aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du cours des choses. C’est un temps propice aux remises en cause. Un temps   pour désirer un nouveau monde. Pas le vôtre ! Pas celui où les décideurs et financiers reprennent  déjà  sans pudeur l’antienne du « travailler plus », jusqu’à 60 heures par semaine. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir d’un monde  dont l’épidémie révèle les inégalités criantes, Nombreux à vouloir au contraire un monde  où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités actuelles montrent, justement, la possibilité. Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie,  nous n’avons qu’elle, et  « rien ne vaut la vie » -  chanson, encore, d’Alain  Souchon. Ni bâillonner durablement nos libertés démocratiques, aujourd’hui restreintes, liberté qui  permet à ma lettre – contrairement à celle de Boris Vian, interdite de radio – d’être lue ce matin sur les ondes d’une radio nationale.

Annie Ernaux